A quoi s'attendre ...

Le vulnérable, étymologiquement celui qui peut être blessé, caractérise tout être vivant et donc l'être humain. L’homme n'est pas omnipotent, il est limité, il est susceptible de défaillances. Les religions, les philosophies, les arts, les progrès scientifiques, et aussi le modèle arrogant de l'homme fort, battant, équilibré, sont autant de quêtes pour repousser ou contourner ces limites, prévenir les échecs, vaincre les souffrances et la mort, dépasser cette vulnérabilité, marque de notre condition humaine.

Cependant l'Evangile annonce un autre récit. « Il n'est pas de plus grand amour que de mourir pour ceux qu'on aime. » (Jn 15, 10-13).

Aimer c'est considérer l'aimé comme appel et adresse d'un don éperdu de moi-même au risque d'en mourir. Charles Péguy au 20" siècle nous dit que les dieux grecs sont malheureux parce qu'immortels, ils ne peuvent pas aimer car ils ne peuvent pas se donner, se risquer pour l'autre. Ils sont invulnérables, d'ailleurs ils n'existent pas. « Seul un moi vulnérable peut aimer son prochain », écrit Emmanuel Lévinas mort en 1995.

Le Christ est vulnérable, il est Amour, il est crucifié. Mais il ressuscite : l'amour communie avec le fait d'exister, s'identifie à la plénitude d'exister (ex-stare), plénitude du sortir de soi.